dimanche 13 janvier 2013

Jouir toute une nuit

Elle était dans une transe délicate, son plaisir semblait totalement intellectualisé, totalement intériorisé.

Son mari, voyeur, gourmand voyeur de ses plaisirs, avait quitté le piano, prenant une flûte pleine de champagne, se dirigeant vers elle. John devenait voyeur, reprenait aussi un peu ses esprits avec des bulles, quelques sablés au parmesan, au piment d'Espelette. Il les voyait complices, intégralement en fusion dans le plaisir candauliste qu'ils venaient de partager. Lui assis, jouant du Mozart, quelques sonates de Chopin, quelques notes de jazz aussi, il exprimait ses vibrations ainsi. Il lui parlait à travers les couches de collants qui neutralisaient sa vue, mais un peu aussi son ouie. Elle buvait des bulles, exprimait des mots, trop loin de John, mais bien entre eux. Elle aimait, lui ajoutait des mots, leur unicité sexuelle ne faisait aucun doute, elle se donnait, elle faisait l'amour avec d'autres, lui prenait tout cela comme un acte partagé, comme un corps à corps multidimensionnel. Elle croquait les bulles, ils se parlaient. Elle bougeait son corps, encore attachée à cette chaise, immobilisée par ces liens soyeux et fermes à la fois.



Il lui retira le rosebud, ce long et huilé plus anal. Elle lâcha une exclamation de pur plaisir, sans équivoque. Il le posa sur le piano, luisant de ses excitations les plus récentes. Ils parlèrent encore. John savourait.


Avec ce recul lui aussi pouvait prendre des clichés, ceux de ses yeux, de ses futurs souvenirs, quelques sources d'autres fantasmes, voire de masturbations nocturnes, il suivait les courbes, reprenait le chemin de chaque collant, de chaque teinte, de ces superpositions sur les sinuosités, sur la cambrure, sur les fesses, sur les cuisses, sur les mollets, autour des chevilles, et même autour des talons. Il remontait vers les épaules, le cou, la tête, les cheveux, cet ensemble devenu sculpture de nylon, fantasme de fétichistes, des trois présents ce soir. 



Il savourait ce trio, leur apparente satisfaction dans les actes, dans ce scénario non inscrit, non discuté dans son déroulement, ni même dans un semblant de synopsis, mais fait de détails évoqués, de demandes réelles de leur part, de douces envies suggérées, de souhaits non dits, soufflés entre deux emails ou durant la discussion téléphonique. Il fallait savoir leur donner ce cadeau jouissif, comblant leurs envies respectives, assurant tant au voyeur, passif mais en attente doublement du plaisir et des vibrations de sa femme, tant envers la complice sexuelle, se donnant, fixant ses limites, s'offrant ensuite dans toutes ses extrémités, vers un   accomplissement profondément charnel.



La subtilité, le libertinage sensuel de ce trio se retrouvait dans leurs approches, dans cet espace voluptueux, caressant de mots et  de mains. Aucunement une recherche brutale, et non uniquement de sexes défoncés, enfoncés, grossiers et sans satisfaction réelle. Ils voulaient de la délicatesse, presque de la tendresse, d'ailleurs, ils s'embrassaient, John tourna la tête vers les fesses ouvertes, ce bel arrondi pour gourmet.

Le mari retira le sextoy sur lequel sa femme avait profondément happé en elle. Il la toucha, la caressa, la lécha. John suivait, se dirigea vers la fenêtre pour voir le jour se lever. La nouvelle année commençait.

Il entendait les petits cris, la douce musique d'un couple qui faisait l'amour. Ils jouirent en hurlant l'un et l'autre. John sourit.






A bientôt




Maître Steed

7 commentaires:

Isa a dit…

Un épilogue en harmonie parfaite avec les développements sensuels de cette soirée.

L'élégance et le raffinement des mots est en phase avec l'expression de ce plaisir partagé.

Beaux textes, Cher JohnSteed.

johnsteed a dit…

@Isa : Une conlusion pour laisser ce couple dans sa bulle de plaisirs
Bonne soirée

Calamity a dit…

Ce qui pourrait sembler moche et glauque chez certains prends une toute autre dimension sous votre plume. On y trouve des notes délicates de tendresse, complicité, volupté et douceur. Un subtil assemblage pour un bien joli résultat, comme pour les grands champagnes.

Cassiopée a dit…

Quand le complice de toute une nuit retourne dans la chambre d'amis, aussi incroyable que cela puisse paraître, eh oui, le spectacle continue... des jours et des nuits !
Merci pour cet opus John, bisous libertins

Anonyme a dit…

Cher John Steed,
merci pour ce beau texte, je me reconnais... Mon désir de trio serait ainsi, un(e) invité(e) qui partage un moment d'intimité intense et qui a la délicatesse de ne pas rompre la bulle de deux êtres, le plaisir ne peut, dans ce que j'en imagine, en être que plus présent...
Une complicité, un moment hors du temps...
amicalement,
mariposa

JohnSteed a dit…

@Calamity : Ma première passion fût le .... champagne, oui avec les vins. J'adorais les assemblages et surtout le résultat avec les bulles et les silences, les sourires et les bonheurs associés. La santé me prive de cela, mais les mots et les émotions restent. Merci pour vos mots, il me touche, et les miens semblent atteindre leur cible.

@Cassiopée : Il est doux de libertiner quand les sens se croisent et se trouvent, mais aussi s'éloignent dans la douceur

@MAriposa : Le trio est une combinaison complexe basé sur les attentes de chacun et les dons de tous, une alchimie, ici, juste de mots.

François a dit…

Trio sans limites mais si respectueux du plaisir de l'autre : comment ne pas succomber aux mots, aux images, suggérés du bout des lèvres...
Bien à vous,
François.