dimanche 25 mars 2012

Bulles et bas nylon

Elle avançait vers le coussin, pour se détendre, pour libérer quelques larmes. De la joie.

"Voici longtemps que je cherche le sens de l'écriture, et vous me donnez la joie, l'immense plaisir de comprendre pourquoi un homme couche des lignes, des pages, un titre. Mais au-delà de tout cela le partage avec d'autres. Est-ce un acte égoiste ou un pur altruisme ?" 

Elle était émue, d'avoir pu être là pendant son écriture, certes verbale, mais elle était dans l'atelier du sculpteur, derrière le peintre et sa palette, avec le photographe devant son modèle enveloppée de nylon noir, juste une couture rouge, elle voyait se former l'objet d'art.





Je lui reversais du champagne, des bulles pétillants, la nuit dehors, les lumières tamisées ici. Je prenais mon carnet de notes, sortais ma tablette numérique, et je m'installais près d'elle. Elle venait de me donner une autorisation implicite, un "oui" silencieux. J'étais suffisamment bien  pour profiter de ce spleen délicat, sucré et acide dans ma bouche, de cet univers soyeux, d'une féminité parfumée. Elle se cala derrière moi, regardant l'écran s'allumer.

Quelques caresses, quelques touches tactiles activées, une page crème, couleur ivoire, et des lettres calligraphiées (un paramétrage si agréable, comme écrire de belles rondes), et je commençais. Libre.




Elle avait passé ses deux jambes de chaque côté de mon corps, collant sa robe relevée sur  ma chemise, ses seins chauds, si féminins, si fermes, si présents comme deux ailes dans mon dos. Je voyais à droite, à gauche deux merveilles de nylon bleu, de jarretelles nombreuses et blanches. Le paradis, les premiers mots, les virgules, le clavier et le calage parfait avec lui, car maintenant dans les prochaines vingt minutes, j'allais écrire un coin de moi, un peu pour elle.



Egoisme ou altruisme, trouverais-je une réponse ?

Gourmandise entre ses jambes, sous son regard, avec son parfum, nous étions l'un avec l'autre sans équivoque, si proches par nos pensées, nos désirs probablement.

Voir, sentir, vivre, mes maîtres mots, mes premiers mots ce soir-là sur l'écran.


... à suivre ....




JohnSteed

5 commentaires:

Isa a dit…

Quel moment de sensualité pure, de sensations intenses, le partage d'un moment en fait si intime, quand la créativité de l'un se libère face à l'autre, quand le plaisir de l'intellect se mêle au plaisir des sens.

Des mots toujours magiques pour décrire cela, Cher JohnSteed, et surtout continuez à écrire entre les lignes, entre ses lignes...pour le plus grand plaisir de vos lecteurs

Avec toujours ce choix prodigieux de photos, bravo!

françoisedu80 a dit…

Bonjour John,
Infime frontière de voile ,de mousseline entre elle , entre sa peau ,impalpable douceur à deviner sous le nylon de ses bas , féline elle est là ,toute attentive à ce flôts de mots qui vont bientôt jaillir et s'accorder sous les doigts ,sous le clavier , des brassées de lettres qui donneront toute l'importance à l'instant ,comme les bulles dorées du champagne qui montent dans les flûtes ,le regard pétille ,les mains sont fébriles , une douce attente entre soie et soi ,entre quelques volutes d'anglaises ...buvant la ponctuation , vibrant sous l'intrigue du récit !
Oui la suite ...
Baisers

Cassiopée a dit…

Un égoïsme que l'on partage avec tant de plaisir ne devient-il pas pur altruisme ? Et frissons en prime.
Doux baisers

pussy a dit…

Un beau rapprochement tout en sensualité, très excitant, on a juste envie de lire la suite, bravo c'était le but non?

François a dit…

Mon cher John, vous ne pouvez imaginer à quel point ces mots me parlent, tant mon inspiration trouve souvent son chemin dans de telles situations. Même si elles sont quasi exclusivement le témoin de souvenirs ou d'imaginaires et non d'actes présents, je me suis vu dans cette rencontre, l'acte délicat du poète qui taquine sa muse de précieuses caresses lexicales...
Bien à vous,
François.