mercredi 28 mars 2012

Deux pages de plus

Il glissa quelques mots le long de la dentelle blanche de son porte-jarretelle, elle les imaginait sensuels.

Il s'arrêta, glissa sa plume dans le creux entre culotte et cette ligne horizontale de porte-jarretelle, marquant ses hanches, un peu de peau libre, quelques mots encore. Puis il stoppa.




Elle sourit, toujours plongée en avant, ressentant chaque lettre écrite sur elle, les rondes et les anglaises de son écriture allongée, pas de pointillisme, ce n'était pas un tatouage mais une feuille de parchemin parfumée, elle toute entière. Elle se souleva un peu, et de ses mains, dans son dos, vers ses fesses, elle descendit sa culotte à mi-cuisse, à l'aube du haut de ses bas.

"Je vous offre une nouvelle page, plutôt deux. .... un silence ... poursuivez votre roman mon cher."






Il avait pris du recul, captant sa muse d'un soir, nouvelle et inconnue, il ne savait toujours pas son prénom, cela avait-il de l'importance ? Aucunement, comme aucune convention morale ne pouvait cloisonner ces instants-là. Ils s'ouvraient l'un à l'autre. Naturellement sans aucune réflexion et sans aucun recul, dans une osmose hédoniste d'une subtile pureté, un coup de foudre sans sentiments, juste des minutes devenues des heures, des pas ensemble, quelques phrases et là maintenant ses fesses nues.


Il partagea son champagne, des bulles avec elle, passant sa flûte à ses lèvres, elle lui tournait le dos, mais rien ne les opposait. Une bulle avec d'autres bulles pétillantes, une bulle de mots devenue atmosphère de lingerie fine, de féminité exposée et non exhibée.




Il posa son champagne sur la table, devant elle. Il reprit sa plume, elle se pencha à nouveau, offrant son derrière rond, voluptueusement doux, parfumé encore. Ecrire ce qu'il ressentait, non de cette situation plus sexuelle maintenant mais de cette rencontre si belle, si lumineuse en cette fin d'après-midi, ses jambes brillantes, sa robe et surtout cette allure folle, une femme sûre d'elle, de sa mode. Il en dégustait à chaque pause dans un café, sur une rue, en marchant, en rêvant ici et là, durant des courses ou en attendant un rendez-vous de pigiste, pour un séminaire. Mais elle avait eu cette magie de sortir de son chemin, de venir à lui. Il était non pas conquis mais en fébrilité, un coup de coeur, des palpitations plus fortes. Un cheminement d'une extrême délicatesse, sans désir affiché mais uniquement dans la découverte, un menu dégustation à l'aveugle, en confiance avec son hôte.

Ecrire encore, là sur ces rondeurs parfaites, identité de chaque femme, il cherchait le début, la courbe pour la première majuscule. Et suivre les creux, la mollesse de cette chair tendre, de ce parcours étrange. Il naviguait de phrases en phrases, arrivant dans la canyon  sombre et enchanté, la raie emporterait-elle tous ses mots ? glisseraient-ils tous là dans cette ombre qui avait absorbé tant de dentelle, de strings exquis ? 





Quand on regarde ce pli, on ne sait jamais on il nous mène, car le suivre nous fait passer en dessous, nous fait tourner la tête, et parfois dans un élan, nous porte vers l'autre face, vers la vallée des délices. Il n'osait pas, il arrangea ses mots sur le bord, à côté du précipice.


... à suivre ...

JohnSteed

5 commentaires:

pussy a dit…

Comment le corps de la belle se transforme en page d'écriture jusque dans cet endroit si charnel et féminin, si bien mis en valeur sur ces magnifiques photos!
Très excitant comme soirée, on en rêverait!

Isa a dit…

Des mots qui disent si bien l'envie...et qui créent des envies...irrésistibles, absolument envoûtants, Cher JohnSteed.

Et quel choix de photos, toutes en courbes douces, délicats arrondis, aussi pleines et déliées que les lettres tracées par cet écrivain si inspiré, comme vous...

françoisedu80 a dit…

Le déferlement continu comme la marée déposant ses trésors à chaque ressac , des mots glissent de la plume et l'encre se répand en arabesques sur la toile nacrée , la toile vivante ,inspiratrice qui découvre un rocher caché ,une merveille captant et retenant le moindre indice .Message mystérieux ,peut-être en cartouche à décoder du bout lentement des doigts , du bout des lèvres ...au parfum de champagne .Le souffle est plus rapide , l'inspiration est accrochée au point de suspension ,le vertige n'est pas loin , mais ...
(à vous lire)
Baisers

François a dit…

Quel délicieux roman s'écrit sur ces courbes que j'imagine étourdissantes. La plume joueuse tout autant que talentueuse, comment résister à l'envie de ne laisser aucune page blanche...? Comment résister au désir profond de laisser libre cours à son inspiration, à ses aspirations...?
Bien à vous, cher John,
François.

Anonyme a dit…

Vos articles et vos photos sont envoûtantes, fascinantes et puis j'aime les belles histoires ... Continuez à nous faire rêver ;-)