John était revenu pour l’aider
à se redresser, encore dans le spleen de ce doux moment, massage et parfums.
Ils étaient allés jusqu’au salon, lumière tamisée, plateau sur la table basse,
avec cette omelette, quelques brins de ciboulette sur le jaune fouetté, une
chiffonnade de jambon serrano, découpé par John. Il lui avait ramené une
merveille d’Espagne, malheureusement pas un Bellota Bellota, si cher, mais si
délicieux, mais une cuisse maturée durant vingt-quatre mois, avec un gras
onctueux et fruité. Les tranchettes devaient fondre dans la bouche, le gras en
particulier, la viande devenant l’assaisonnement du tout. Une salade sucrine
doucement poêlée dans un jus de lardons, de poivre et de vinaigre balsamique,
un verre de vin rouge, tout était là. Il avait ce côté magique de s’installer
si vite, de détecter les potentiels d’un frigo presque vide d’une fin de
semaine, et devancer ses potentielles
envies. Emma avait revêtue, par un court détour dans son dressing, une longue
combinaison de soie, ajourée de voile, et un peignoir assorti. Les chevilles
souples sur le parquet chaud, elle se penchait pour dîner. Un joli flou de brillance
qui enveloppait son corps assis.
«Mary nous invite chez elle
pour fêter encore … son anniversaire ! Elle tient à la présence de
tous ses cadeaux, elle impose leurs saveurs pour ce dîner chez
elle. Demain soir ! »
« Délicieux menu mais
arriverais-je à me dédoubler, pour vous ? »
« Cette femme me
surprend chaque fois un peu plus, car elle montrait un mur derrière sa féminité
exhibée, dominatrice dans chacun de ses actes. Elle semble devenir une fée
fragile en notre présence, la vôtre, la mienne. Un dîner glamour pour
demain. »
Ils profitèrent de la musique,
de cette fin de semaine, de cette nuit calme, de ce plaisir de se retrouver,
non pas comme une première fois, si loin déjà, mais comme deux amis devenus
amoureux, deux épicuriens qui ne voyaient que leurs vies par intervalles, des
gourmands satisfaits de leurs envies mutuelles, insatisfaits de leurs prochains
désirs plus forts. Ils ne pouvaient se passer l’un de l’autre, ils
s’éloignaient souvent pour des contraintes de business et d’agendas respectifs,
pour parfois des amis différents, mais ils revenaient, non comme un couple,
l’un vers l’autre encore. Une amitié devenue charnelle, un pacte induit entre
deux hédonistes.
Demain serait un autre menu,
une autre combinaison.
« Je vais savourer cette
nuit de repos, sans réunion interminable, sans rapport à finir tardivement,
sans repas en off qui deviennent des négociations d’affaires. Et vous, golf
demain matin ? Balade en forêt ? Shopping lingerie et douceurs ?
A moins que vous n’écriviez ? »
« J’ai écrit des mots sur
votre peau, mais ils sont entrés en vous, je les laisserai fleurir pour demain
soir. Je vais me reposer en flânant dans le jardin, à couper quelques autres
fleurs, à laisser mon esprit libre pour une fois. Ou peut-être lire un traité
sur le bonheur, sur mon vieux banc en teck, entre deux petites siestes. Pour le
shopping, j’ai deux surprises pour chacune de vous, je vais vous préparer ceci.
Et quelques bulles. »
« Mary semble avoir prévu
de vieux millésimes de champagne, juste pour vous, pour nous »
rajouta-t-elle.
John se rappelait les
bouteilles allongées dans l’armoire à vins du salon de Mary, une belle
collection de merveilles peu communes. Une approche anglaise de ce vin, sur les
belles années, sur les purs blanc de noirs, ou des purs blanc de blancs, avec
des goûts plus marqués par le temps. Voilà une future belle mise en bouche.
John reprit le plateau,
laissant le vin devant Emma, posa le tout dans le coin cuisine. Il posa une
bise dans le cou de la belle, presqu’endormie.
« Je reviens vers vous,
demain après-midi. »
…à suivre…
JohnSteed
7 commentaires:
J'aime particulièrement l'ambiance feutrée, chaude, cocooning que vous avez su créer par vos mots.
Quant à cette omelette, j'avoue qu'elle me tente assez (sourire) !
Vos mots dans ce billet, sont plus doux, choisis pour apporter une certaine détente, c'est réussi, j'ai eu envie quelques instants de jouir moi aussi de cette quiétude !
Bravo !!!
Lecture après lecture l'addiction est forte ,les mots se distillent lentement dans la chaleur feutré de l'endroit .
Emma est envoûtante enveloppée dans son déshabillée de soie ,les mains de John sont prévenantes ,douces , chaudes ,caressantes ,si promptent à devancer l'envie sur ce "cadeau" de porcelaine ...
Et demain ? oh ! oui demain ...
Baisers interrogateurs
Et oui, deux mains. Comme dirait Françoise.
Olivier
Emma goûte et savoure les attentions de son John, elle profite délicatement des délices qu'il lui prodigue, délices de la chair, délices du palais, distillés avec tant de délicatesse par celui qui lui est si cher...
Elle s'abandonne, toute pleine de la confiance qu'elle met en lui, à tel point qu'elle se laisse aller au sommeil alors qu'il est encore là, elle ressentira ce baiser léger, avant de se laisser aller, de laisser tomber toutes ses défenses, et de rêver , sans doute de lui, de son homme...
CHER JohnSteed, vos mots sont beaux, encore et toujours...et les photos que vous mettez en harmonie avec eux sont magiques...la dernière est une réelle oeuvre d'art.
Merci à vous...
Je reste admirative en regardant cette dernière photo...des courbes si sensuelles, je ne peux m'empêcher de penser à la musique...John est un virtuose qui joue sur le corps d'Emma avec la même sensibilité d'un artiste musicien effleure un clavier pour faire changer le piano, ou qu'un violoncelliste , enveloppant les courbes de l'instrument de son corps, en fait vibrer les cordes ...
Par votre faute, je sais de quoi je rêve maintenant, moment de quiétude entourée par ses bras familiers dans lesquels j'aime m'abandonner... vous voyer où vos mots peuvent conduire ;))
Baisers doux Cher J. Steed... douce nuit !
Mélange de gourmandise, celle du corps comme celle de l'âme, pour émanciper un rêve d'anniversaire. Vos mots font mouche et caressent l'esprit comme les mains de John caressent le corps d'Emma : avec douceur et subtilité.
Bien à vous,
François.
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