dimanche 30 décembre 2012

Jouir en fin d'année

Un parking souterrain, une place, la voiture s'arrêta.

John descendit, ouvrit à sa passagère contemplant au passage les bas noirs, au croisement de sa robe bleue relevée. Elle passa devant lui, souriant à son mari, heureux lui aussi. Ils suivirent John dans l'ascenseur, un lieu chic et moderne, qui passa du sous-sol de béton à des étages plus cossus, plus classiques avec des moulures au plafond, des escaliers et des entresols recouverts d'épaisses moquettes.

John ouvrit, alluma devant eux, ils étaient curieux de voir ce lieu, ils les emmena dans un salon bibliothèque. Un lieu d'autrefois qui sentait le siècle dernier, les livres, des tapis, des boiseries, des larges canapés de cuir, un piano, deux tables longues et basses, mais aussi de larges fenêtres, un ciel avec une pleine lune, la nuit.

Il disparut pour revenir avec un plateau de petits fours, des flûtes de champagne et une bouteille de Salon 1982, une rareté haut-de-gamme, un excellent choix. Il la plongea dans un seau rempli de glace.



Deux belles et grandes boîtes à chapeau recouvertes de cuir attendait sur la seconde table, John les posa sur le canapé.

"Retirez cette charmante robe, posez la sur le piano, ne gardez que vos dessous et talons."

La dame s'exécuta, enlevant doucement sa robe, dézippant dans le dos, pliant le soyeux sur le vernis noir rutilant du bel instrument. Elle laissa apparaître un joli tatouage étrange en haut de son dos juste en dessous de son collier de cuir.

"Il me semble que Monsieur est pianiste à ses heures, prenez place, cher ami". Un concerto de Mozart, l'homme prit ses mesures, testa quelques notes et se lança en ne quittant pas sa femme des yeux. Elle était à lui maintenant, il devenait simple spectateur, un voyeur total, un heureux candauliste, pour le bonheur de sa femme qui se libérait, se donnait devant lui.

John servit le champagne à tout le monde, posa sa flûte, ouvrant la première boîte. Il déposa des bas et des collants de multiples couleurs, de teintes brillantes ou satinées, de deniers les plus fins jusqu'à des opaques plus épais.

Puis il repoussa une table, posa une chaise entre le piano et les canapés, presque au milieu de cette belle pièce, les lumières de la rue, des phares ornaient par intermittence les murs.

Elle s'assit sur cette chaise moderne, au dossier très haut, John commença à tourner autour d'elle, prenant le voile qui pendait de son cou pour le lier à la chaise. Puis les mains, doucement, subtilement, ils les enveloppa de nylon, de cette matière que ce couple adorait, des fétichistes, des purs amoureux de cette folle douceur, transparente, voilée, infime et indispensable pour leurs fantasmes, leurs vies au quotidien.



Elle était en train de frémir, non de peur, mais de cette sensation qui frôlait ses épaules nues, caressaient ses propres bas noirs, ses jarretelles, ses jambes, son corps. Elle adorait les caresses fines, les flagellations ultrasoft de ce nylon, de soie aussi et de satin, dans les trois dimensions de sa volupté, sur toute sa féminité, ici et ailleurs, elle adorait ressentir ce vent fluide, cette matière qui se fondait sur ce peau, en une émotion vibrante. Elle se liquéfiait, John continuait à nouer, étirer, enlacer, passant dans les recoins sa sa silhouette assise. Constatant son oeuvre, achevant les cuisses, les reflets de la brillance d'un bas gris avec deux collants noirs opaques pour contraste sur sa peau, il la statufiait, mêlant avec esthétisme ce bondage dont il avait le plaisir, dont il avait l'art, dont il partageait les sensations.



Il finit, ces liens moins contraignants que le chanvre, plus souple mais tout aussi fermes sur la chair, enveloppant encore de superpositions certains arrondis. Il se recula, pour allumer un spot, le mari pouvait voir sa femme offerte, les yeux bandés d'un bas opaque bleu. Elle ne bougeait plus, lui jouissait de ce spectacle.

John s'assit pour boire et regarder la femme, l'homme, le couple ainsi offert en concerto de désir fétichiste.

Il bût une flûte de son champagne, doucement.

...à suivre ....




Maître Steed

6 commentaires:

Isa a dit…

Un texte à épisodes pour cette fin d'année.
La magie de vos mots opère une fois de plus , pour créer une atmosphère d'intense sensualité.
Bientôt la suite j'espère...en 2012.

johnsteed a dit…

@Isa : les mots s'évaporent en laissant des traces, ceux de l'envie, des désirs, des souvenirs, des fantasmes ...

françoisedu80 a dit…

Une attente savamment liée
...aux notes de Mozart ,
une dégustation lente
des sens sous les regards ...
et ...

François a dit…

Vos mots se terminent sur d'alléchantes perspectives, permettez alors que je me suspende à ces mots le temps de découvrir la suite...
Bien à vous,
François.

Ludie a dit…

J'ouvre une page. Que ce soit une image, une tenue , comment les mots s'entendent en quelle chorégraphie: Tout est toujours époustouflant de beauté! Je retiens mon souffle. Pas mon plaisir.
Merci, Cher John.

JohnSteed a dit…

@Françoise : Mozart était sous les doigts et les émotions du mari, dans ses yeux aussi. Elle sentait les liens se tendrent sur elle, sereine et intégralement en attente de ses nouvelles sensations.

@François : Ah cher François, vous pouvez relire depuis le début les sept épisodes car ils sont morceaux de soie, pardon de choix, seuls, mais délicieux ensemble.

@Ludie : Je suis là pour vous faire vibrer visuellement et PLUS ENCORE intérieurment avec la lecture et certains fantasmes écrits. Bises