lundi 23 septembre 2013

Champagne pour lui 2/7

Ainsi la nuit commençait à noircir le ciel, à ne laisser qu'une lune vagabonde dans les grandes fenêtres hautes de ce lieu  haussmannien. Une lueur qui découpait les formes des immeubles extérieurs et voisins, tous les volets fermés, juste des lumières avec peut-être des yeux vers ce salon illuminé, rideaux ouverts. 

"J"ai eu vos envies, j'ai accepté de venir pour vous voir jouir, quand je le déciderai, car vous êtes un beau couple de soumis." La discussion fît un tour très rapide de leurs pratiques, de leurs rituels et ainsi du tableau de leurs fantasmes. 
"Qui commence ?"
"Alexandre sera le premier." lâcha t elle, avec une douceur, mais aussi une résolution sans compromission.



Il se leva, souple et avec une certaine légèreté, un corps masculin un peu félin. Cet quinqua avait de longues jambes et un ventre plat  d'un sportif qui s'astreint à des kilomètres de jogging dans sa semaine. Proprement il retira sa chemise blanche, posant le tout sur un coin de fauteuil en arrière, elle l'observait, il avait les yeux vers le sol. Il finit sans caleçon, nu avec pour seul accessoire ce collier noir, les trois anneaux brillants.

"Va, je t'ai préparé ta tenue dans la chambre d'ami. Prépares-toi."



John écoutait le fond de jazz, Ella Fitzgerald modulait du scat, un art d'improvisation qui acidulait les notes. Les bulles de champagne remontaient, explosaient. Elle décroisa ses jambes, les bas ivoires étaient élégants sur sa peau un peu mate. Ils parlèrent de chaussures, de brides, de tenues féminines. D'un aller-retour rapide vers son sac de cuir, John ajouta à son cou un ruban de satin.
"Si je le retire, alors je vous punirai. Vous sentirez la douceur coulisser sur vous, et mon envie de vous posséder très rapidement debout." Elle était prévenu. D'un tour de main, il attacha ses poignets à deux anneaux de son cou. Et lui demanda de prendre le joli gode en verre sur la table. 

"Sucez-le avec votre champagne. N'ouvrez pas trop la bouche, faites-le glisser entre vos lèvres rouges. Doucement ... mais profondément."

Daphné prit l'objet froid en se penchant fortement, les mains ayant un champ de mouvements plus restreints . Juste assez pour l'apporter à sa bouche, pour le tenir du bout des doigts. Elle ressentit le poids, elle n'avait jamais utilisé ce sextoy, c'est John qui lui avait imposé l'achat. Le verre était lourd, avec des ergots doucement arrondis, mais une présence très matérielle, peu charnelle comme certaines autres matières. Elle l'approcha de sa bouche, fît un rond, s'ouvrit.

"Non, comme un cul serré. Fermez vos lèvres, forcez les doucement, ouvrez les mâchoires mais pas trop, comme une première fois avec une belle largeur."



Elle se sentit fébrile, comment avaler une barre aussi dure, aussi lourde sans ouvrir la bouche. Serrant les lèvres elle avala doucement, son regard marquait son accord. Encore et encore elle enfonça le gode en verre, la chaleur succédait au froid, le goût du champagne humide sur l'objet. Elle suça.

Des bruits de talons venait du couloir, une silhouette approcha la porte du salon, Alexandre devenait Alex, son double. Daphné le regarda, lui fît signe d'avancer avec la bouche pleine.

Tout avait changé, une autre présence, une part de leur vie intime, il marchait vers la table facilement avec des talons de dix centimètres, des bottes ajustées, suivies d'un legging huilé qui moulait ses jambes sportives, disparaissait sous une jupe très courte, trapèze en néoprène. 




"Lèches nous, chère Alex."

Ainsi John savourait son champagne, un beau millésime, un Clos des Goisses 1996, son millésime fétiche. Devant lui, une femme avait la bouche arrondie sur un gode en verre translucide, entre ses jambes, une autre femme, blonde aux cheveux mi-longs, dans un top au dos de dentelle noire, cette jupe et ce legging brillant. Elle léchait la première, sagement.

Alors John saisit en se levant le gode plein de salive, souleva la jupette. Un zip fermé, un zip ouvert. Une paire de fesses, huilées comme prévues, un geste sûr, et une cambrure qui marque une crispation. L'oeillet s'ouvrit, le gel et la salive se mêlèrent, et tout glissa en se relâchant. Un beau diamètre, celui d'une future queue, puis un, deux, trois, quatre centimètres. Elle se raidit, il enfonça un peu plus, elle lâcha un soupir.

John saisit le second gode en verre, pour l'enfoncer dans la bouche vide.
"J'ai dit comme un cul serré, pour vos lèvres."  Elle baissa les yeux, avala dans la même image que celui sous la jupe.


John poussait de ses deux mains, en eux.



... à suivre ...

Mr Steed, maître d'un soir


lundi 9 septembre 2013

Champagne & Trio 1/7

Le soleil avait quitté les lieux, ne laissant que quelques rayons pour chauffer le fauteuil club vide du bureau de John. Un lieu devenu sa grotte, sa bibliothèque, un boudoir au masculin, avec du bois, sa table de travail, des livres, ici et là, des feuilles, des post-it. Il était entre ses écrans, derrière ses claviers, emporté dans les mots. 


Le dos lui faisait mal, les heures tournait, le soleil revenait, voici plusieurs jours qu'il n'avait pas quitté son bureau, avec du thé, des voyelles et des consonnes, il se nourrissait de peu. De quelques mots échangés dans des commentaires, l'image en reflet direct des siens, le bonheur de la publication sur internet, au-delà d'un livre, il avait le contact avec ses lectrices. Emporté par la recherche de l'élégance des phrases, par d'autres textes, des rapports d'un côté, des lettres libres de l'autre, des échanges épistolaires permanents avec d'autres encore, il croquait les mots entre deux tasses de thé.





Mais ce soir, après une sieste pour compenser sa nuit trop courte, jonchée de mots toujours, il reprendrait son envol, pour revoir ce couple, donner de son esprit, dominer leurs envies.

La dernière visite avait été une gourmandise. Il avait été contacté par la femme et par l'homme de ce couple. Une relation d'amis, comme souvent, deux sms le même jour, pour se présenter chacun de leurs côtés, et proposant de parler d'une éventuelle rencontre. Puis d'autres sms, découvrant ainsi qu'ils étaient un couple, que ce choix se complétait des envies de chacun, séparément demandant des détails, justifiant certains désirs pour lui, pour elle, l'un envers l'autre, avec John comme maître ce jeu, de ce trio. Il avait mémorisé l'excitation, et donné ses règles pour cela. Avec fermeté et douceur !




Ainsi il avait imposé les tenues de chacun, retenant l'ambiance évoquée dans leurs sms et coups de fils croisés. John était arrivé tôt, avant le dîner dans cet appartement haussmannien si parisien, montant les larges escaliers avec un sac de cuir à sa main. Coup de sonnette, moquette épaisse sur le palier de marbre, la porte s'était ouverte sur un parquet chaud, une lumière douce, un grand miroir dans cette entrée. Lui en costume, elle en tailleur, ils se saluèrent respectivement, souriant à cet instant précis où l'on se découvre en vrai. A cet instant précis, où chacun sait que les clefs ont ouvertes les portes du plaisir. A cet instant où elle sait qu'elle sera bientôt nue devant lui, cet inconnu, bientôt la bouche autour de son sexe. A cet instant où lui savoure ce plaisir de la voir bientôt en lingerie désirable, bientôt soumis lui aussi à cet homme en cravate.


Lui avait pris le manteau de John, l'accrochant dans un placard tout proche, caché derrière une statue haute, une forme moderne, de marbre et d'acier mêlés. John déposa son sac sur la console en laque noire, une touche contrastée sur le mur blanc. Il l'ouvrit pour en sortir deux colliers. Formés de liens de cuir, de satin noir et de trois anneaux chacun, avec quelques perles sur celui pour la femme, John les regarda, ils étaient devant lui, les yeux vers le sol, la tête inclinée pour recevoir le signe de leur soumission. Pas de scénario prévu avec des fouets, des cordes ou des chaînes, juste un signe de domination, de soumission, de futurs ordres, de futures positions inconvenantes, de conventions entre eux, de chair exposée, de corps libérés, de sexes enflammés, de totale lâcher-prise dans les prochaines heures, confiant à John leurs corps, espérant certains désirs notifiés, espérant encore plus dans le don à cet inconnu, dans ses jeux cérébraux et charnels. 




Ils se regardèrent, pesant le poids de ce collier, attirés par les anneaux brillants rattachés, appréciant l'odeur du cuir près d'eux en réaction avec leurs corps parfumés, et cette dualité entourant leur nuque, ils étaient là pour d'autres dégustations. Le salon se trouvait devant eux, de larges canapés, un piano demie-queue près de la fenêtre, un groupe de plantes, d'autres sculptures, du parquet, des moulures au plafond, du blanc avec quelques touches de couleurs dans les tableaux. Des flûtes sur une table, un fond jazzy très délicat, elle resta debout près du canapé, ils commencèrent à discuter, lui partit chercher le champagne.

Sur la table, à côté, différents sextoys, des variantes pour des jeux entre adultes consentants, de beaux objets en acier, en latex ou en résine transparente. Posé entre les trois flûtes, deux godes en verre, scintillant avec la lumière.





Le champagne était là, frais dans les mains de John, il saisit le fin filin, le tourna, les regardant.

"Retirez moi ce costume cher Alexandre !"
"Faites glisser cette jupe chère Daphné !"
"Maintenant."

John saisissait calmement le muselet, tournant un peu le bouchon, résistant à la poussée des bulles, une main ferme sur ce liège. 

Devant lui, l'homme retirait son pantalon, ses chaussettes, exposant un boxer en soie d'un bleu nuit fort joli, poursuivant avec sa chemise. La femme, mit ses mains dans son dos, dézippant sa jupe, tournant un brin son fessier arrondi pour emporter vers le bas ce vêtement. Dévoilant ainsi ses jambes, soulevant l'une puis l'autre pour rester perchée sur ses talons fins et très hauts. Elle était avec ses bas ivoire, des jarretelle d'un satin de la même couleur, un string délicieux.

Le plop du champagne ouvrait cette soirée.


... à suivre...

Mr Steed pour vous !