vendredi 6 février 2015

Uniquement des Bas Nylon

"Excusez-moi, nous devons vous laisser. Vous trouverez des photos de votre sculpture à votre retour." ainsi John coupa la liaison vidéo, pendant laquelle il avait dégusté un champagne millésimé sur des notes de piano jazz, entendant aussi le dialogue sensuel entre Daphné et son mari. 

Il avait pu apercevoir le corset, les bas nylon, les cordes qui se nouaient avec harmonie autour des membres de sa chère épouse, Malgré la distance, il avait suivi le jeu des noeuds, de la contrainte, des bras dans le dos, de la totale soumission aux sensations. Des questions et des réponses souriantes, quasi jouissantes de la belle, John pouvait prendre en main la suite de cette soirée. Pour cela il souleva dans ses bras la sculpture pour le poser sur ce piano à queue, au vernis noir fabuleux. Avec une infini minutie, il choisit les angles, les reflets sur le vernis pour saisir les courbes, les passages de la corde dans la chair, insistant sur l'intime. Parfois il ponctuait d'un coup de langue certains endroits, excitant la femme soumise, la femme offerte. Daphné relâchait son corps, prise dans ce jeu qu'elle adorait, abandonnée à cette élégance tourbillonnante, aux flashs sur elle. 

John la déposa sur le tapis moelleux de l'entrée, incongrue sous les lumières saturée. Mais elle voyagea dans toutes les pièces pour de nouveaux clichés, Une sculpture en quête de sa posture artistique, de sa perfection. Sur la table de la cuisine, il la laissa basculer en avant, la tête sur une coupe de champagne, la laissant s'enivrer de bulles, pendant qu'il la doigtait sagement, liée, frémissante, fragile. Son imagination s'enflammait autant sous le chemin intérieur, dans sa vulve humide, que dans ses pensées à l'idée d'être là, à cet endroit, nue, disponible. Jamais elle n'aurait cru se donner, recevoir du plaisir sur ce comptoir haut, où tant de dîners et tapas avaient défilé. D'ailleurs il la laissa là, seule, dans le noir, comme oubliée après ses derniers cris de plaisir. Elle ne pouvait que sentir l'air, la chaleur, la solitude dans une position explicitement sexuel.

Quel serait le prochain visiteur qui allumerait la pièce, la découvrant ainsi ?


John la déposa dans la chambre d'amis sur un tas d'édredons doux et moelleux, elle s'enfonça dans cet écrin de plumes, il s'enfonça alors en elle, sans concession, forcée à sentir sa fougue et son envie d'elle. Il visita la sculpture de toutes parts, lui faisant partager les goûts mélangés de son corps, ne la libérant aucunement, Tirant sur les cordes ou les jarretelles pour marquer leurs présences, pour rappeler qui menait ce jeu. Epuisée, vibrante de derniers soubresauts de plaisirs, il partit à côté, elle entendit un bain couler. John la souleva encore une fois, la perte de relation avec le sol, amplifia sa sensation de bondage, de corps évanoui où seule l'esprit jouit.

Sur le bord de la baignoire, il avait posé des serviettes, il posa son buste dessus, la tête découvrant le parfum des bulles, de ce bain chaud. Lentement, très lentement, il la délaça, s'arrêtant pour lui donner ses lèvres sur son intimité, soufflant sur son clitoris, aspirant les lèvres, les marques laissées par les cordes qui passaient là. Il lécha longuement son entre-jambe, longuement, délicatement. Daphné ne pouvait toujours pas lâcher ses bras, elle ferma les yeux, pour multiplier la sensation.

Les minutes passèrent, la mousse chatouillait son nez, il lui enleva les cordes, la redressa, délia le corset. Les gants, les jarretelles, les bas, tout disparut. 
Sauf les traces de cette soirée.
Sculptées sur elle, les cordes donnaient un dernier sens à son abandon.

John la souleva pour la déposer dans le bain, sous la mousse, effaçant l'ombre du shibari, mais dans le sourire de Daphné, il avait marqué de nouveaux souvenirs sensuels.






Fin de cette nouvelle en 3 épisodes

Mr STEED


Le bondage et le shibari sont des pratiques régies par des codes et une quête esthétique en premier lieu, avec la complicité entre les deux personnes consentantes. Elles doivent se pratiquer sans risques de mise en danger et/ou de douleurs pour la personne attachée. Apprenez, regardez, observez, écoutez le ressenti, respectez votre complice.