jeudi 3 mai 2012

Massage pour Emma




La journée avait été longue, une fin de semaine épuisante entre déplacements en province, en Europe. Train et avion, conjugués avec des nuits d’hôtel, une fatigue présente, tout cela appuyait sur la fonction « repos & détente » de leurs deux corps. John, entre deux rapports et réunions, avait appelé Emma dans l’après-midi pour savoir si son avion avait atterri à l’heure, pour connaître ses projets de soirée. Elle lui avait demandé de venir, pour un massage en bonus.





Elle était enthousiaste, libérée de la charge de son travail, elle se dirigeait chez elle, dépilait ses messages, et organisait ses priorités. Doucement calée sur cette banquette de taxi, elle écoutait les mots des uns et des autres, les fausses urgences et les rappels pour tout de suite. Lascive, dans son tailleur de laine grise, un tweed chic et fin, idéal avec ce printemps londonien, un peu humide, avec des gouttes de soleil, ni chaud, ni froid, elle savourait son pull en cachemire noir. Sa finesse était la source de son confort, la première étape de la relaxation.

Message de Mary – « Bonjour Emma, je tenais encore à te remercier pour les cadeaux, pour ce bonus charnel de ton John. J’ai apprécié sa discrétion et sa présence si différente des autres hommes. Un cadeau révélateur, ma chère ! ahhh … ton cadeau sous forme de bijou, je l’ai dégusté plusieurs fois depuis cette rencontre, quel plaisir. Rappelles-moi si tu es là ce week-end. Bises. »




Emma doubla l’écoute de ce message, pour savourer la description de ses cadeaux. Elle avait eu dès le lendemain de cette soirée un appel de Mary. Elle était extrêmement charmé par tous les cadeaux, par la précision de ce scénario, par la liberté de choix vis-à-vis de John. 



Elle qui maîtrisait tous les détails de sa vie, en particulier sa relation de dominante avec les hommes, elle avait découvert de nouveaux espaces. Emma avait ri, apercevant la fragilité dans ce caractère fort, dans cette armure de séduction, dans ce personnage si extravertie de Mary. Cette image volontairement exhibée de sa féminité conquérante venait de s’ouvrir à un ressenti réel, non pas à des sentiments, mais à une exploration non organisée de son corps. Elles avaient parlé, entre les remerciements répétés de Mary, les sensations décrites avec ravissement sur le bijou, sur les dessous chics.





Emma ne la connaissait que depuis peu de temps, une relation de réseau professionnel, croisée au cours des dîners business, plusieurs présences à des séminaires et des soirées qui les suivaient. Mary jouait de ses jambes, de ses fantaisies voluptueuses, de ses bas sagement visibles. Elles avaient échangé quelques mots, la seconde était toujours dans son rôle de femme séductrice, toujours un cran plus en recherche de sa féminité, d’envoi de messages sensuels à l’assistance. Elle jouait ce personnage double, avec sa démarche chaloupée, sa robe fourreau ou ses jupes très courtes, mais elle alliait sa froideur dans le contact avec ceux qui s’approchaient trop près, encore plus avec ceux qui la prenait pour une beauté à coucher. Elle jouait beaucoup sur ce fil instable, mais elle s’ouvrait plus facilement aux autres femmes. 


Malgré cette quête d’être la plus regardée d’un lieu ou d’un évènement, elle avait fini par comprendre que la beauté d’Emma était non pas une concurrence mais un miroir complémentaire. Elles étaient un duo de facettes, avec cette touche d’intelligence dans l’attitude sans jugement et sans jalousie d’Emma. Elles avaient parlé, se trouvant des affinités, avec quelques coupes de champagne, elle avaient sympathisé, non pas encore d’une amitié mais d’une complicité, d’une vision commune de la vie, sur les hommes, sur les plaisirs. Ce chapitre avait été un peu plus long un soir, lors d’un séminaire à Los Angeles, bloquées dans un hôtel triste de cette mégalopole. Elles avaient parlé de mode, de chaussures, de lingerie, de bas nylon, en riant, seules sur une banquette d’un salon immense, avec le bruit d’un piano-bar dans le fond. 




Elles avaient ri encore en parlant de cultures, de ces hommes qui ne connaissent rien à la subtilité, à ce voile si fin sur leurs jambes, à ces maladroits qui ne réagissaient pas face à de la soie, sous une robe légère. Elles avaient échangé quelques expériences, frôlant leur intimité de leurs mots. Mary avait aligné ses trophées, ses hommes qu’elle choisissait, qu’elle consommait suivant ses envies, uniquement ses désirs. Elle était libre de ce choix, elle le vivait avec une entière sérénité.


....à suivre ....

JohnSteed

6 commentaires:

Orchidée a dit…

Tout à fait dans le style que j'aime, du détail, de la narration, on se laisse prendre la main pour nous guider vers cet après....

Un style littéraire sans être précieux, enrobé, de la simplicité avant tout mais qui n'en demeure pas moins très élégante.

J'attends cette suite,
Une douce nuit à ceux qui passeront par là...

PS. : très jolis clichés !

Caro a dit…

merci.

Isa a dit…

La magie de vos mots, Cher JohnSteed, évoque ces deux femmes, elles sont là, vivantes par vos mots.

Une complicité particulière entre elles...où les mènera-t-elle, où les mènerez vous?

Vite, racontez nous!

françoisedu80 a dit…

Délectation à la lecture des messages ,comme Emma dans son taxi je file sur vos mots et les images qu'elles évoquent avec son cortège de sensations diverses !
Baisers

François a dit…

Magie des mots et des images qu'ils font naitre... Je cours à la suite...
Bien à vous,
François.

pussy a dit…

Comme quoi deux femmes peuvent être complices et non jalouses, une situation qui se fait cependant bien rare surtout lorsqu'on en arrive à partager l'homme qu'on aime!!
Cette Emma me plaît de plus en plus, amoureuse et amie fidèle au point d'offrir John à Mary!