mardi 2 avril 2013

Voir et Ressentir

"Soyez prête pour 19h, je passe vous chercher. Je vous embrasse." Quelques mots venant de lui, arrivant sans être un ordre vers elle, son pas s'était accéléré. 

"Entendu ! Baisers de soie. A tout à l’heure."




Elle ne savait pas où ils iraient, ce qu’ils feraient. Cela lui importait peu, l’essentiel était d’être avec John. Elle aimait les surprises et puis récemment, elle travaillait tant, se donnant dans son métier, dans sa vie personnelle, construisant une nouvelle bulle de business, de folles nuits de projet, des déplacements et du repos sous sa couverture en cachemire, spécial cocooning. Cette relation avec lui était irrégulière car ni l'un, ni l'autre ne pouvait se décider à vivre en couple. Elle était parfois amoureuse, lui devenait fuyant, assumant  tous les deux, leur union d'amants de culture, de passions intellectuelles communes, de visions pragmatiques de leurs mondes, d'un idéal commun d'une bulle pour eux, mais aussi des amants charnels. Une fusion débordante mais encore trop fragile pour s'engager. Il lui répétait si souvent, il doutait de lui, de son physique, de sa vie, de ses actes, c'était un être blessé, si charmant, si charmeur.




Emma s’était donc préparée au gré de ses envies à elle, pensant un peu à lui, mais surtout à elle, voulant ce soir, pratiquement exhiber la femme qu'elle cachait en elle. Une robe noire drapée soulignant ses formes, des bas coutures, des salomés à talons vertigineux, et une lingerie noire également, guêpière nouvellement achetée, toute en transparence, un simple tulle arachnéen, saupoudré de quelques arabesques et plumetis.

John était arrivé à l’heure dite, et elle était montée dans sa voiture. Après un bref trajet dans la nuit parisienne éclairée par les lumières des fêtes de fin d’année, ils étaient arrivés devant un petit restaurant. Un endroit comme John les aimait, authentique, raffiné. La cuisine et l'atmosphère devaient caresser l'épicurien et ses convives. Deux autres couples arrivèrent, de jolies quinquas enveloppées de fourrure, de belles robes noires, les éternelles petites robes noires. Courte et asymétrique pour l'une avec un faux jupon de ballerine et tulle noir à reflets prune, longue et fluide sur des hanches matures avec un balconnet opulent de dentelle, un col bénitier très ouvert. Ces messieurs avaient des costumes de rigueur, gris et noirs.




Maintenant, ils savourent leur dîner, dégustant les mets choisis, se régalant de saveurs, de textures, d’épices s’épanouissant avec l’harmonie d’un vin rouge profond. Une sublime compotée de patates douces avec une queue de langouste à la vanille, le tout servi avec un sauternes, un château de Fargues 1982. Explosif, moelleux plus que sucré.

Emma observait, elle ressentait la fatigues de ses dernières nuits à construire ce projet pour son agence de communication. Elle était discrète ce soir, ces messieurs parlaient des non-engagements de l'Europe, puis de vins, de dégustations. C'étaient d'ailleurs ainsi qu'ils s'étaient connus. Les dames, l'une d'elle en particulier adorait les Sauternes, et hypnotisait ses convives avec les dentelles, les mots, les souvenirs.




Le regard d’Emma s’attarde sur la bouche de John . Une envie soudaine la saisit, celle d'effleurer la douceur de ses lèvres d’un doigt léger, en suivre le contour, comme dans des récents souvenirs, souvenirs d’instants où le temps semble s’arrêter, où une caresse toute simple est sublimée par un échange de regards. Elle tente de se ressaisir, de quitter le flot de sensations passées et de désirs futurs pour reprendre le fil de la conversation. Elle est absente, prise dans la toile de moments, de cette première fois, où elle ne savait plus, ne savait pas, ne voulait pas et pourtant disait si fortement oui. Leur premier baiser dans une voiture, long, savoureux, goûteux  sans limite, dans un autre univers. Elle n'était pas innocente, mais cette première fois là fut si différente. D'ailleurs elle craquait pour toutes ses découvertes, ses épices nouvelles qu'il savait distiller naturellement sur elle, en elle, avec elle et si discrètement que pour elle.

Le plat suivant arrive, l'ambiance de Paris, de cette brasserie ancienne, de ces lumières, de ses personnes élégantes, comme un théâtre, elle s'évapore, troublée. Elle repense encore à ses lèvres, les autres baisers, lui devenant timide, elle devenant Emma rayonnante. 


Ils parlent de cavités, elle pense à des tunnels, une vallée, un creux, loin de la cave, pas celle des vins, elle se lève, cherche les toilettes, elle marche comme comateuse, étourdie de cette chaleur entre ses jambes. Comment fait-il ? Où est sa main ?


Elle pousse la porte, s'aperçoit dans le large miroir, prend une serviette roulée, entre dans ce lieu silencieux. Emma se colle au mur, elle retrousse sa robe, elle se touche, elle rentre deux de ses doigts en elle, elle pousse cette dentelle gluante, absorbant ces désirs de lui. Elle se frotte, caresse la clef de sa vallée à délices, délicatement, doucement, très doucement, deux doigts emprisonne ce diamant vibrant. Elle jouit, oui elle crie soudainement, se perd, glisse le long du mur, s'oublie. Ses jambes s'appuient encore sur ses talons fins, vernis, très hauts, ils les adorent tous les deux. Elle crie encore, lâche des mots. 


En ressortant, quinze minutes plus tard, revenue de sa bulle, de ses souvenirs, de sa jouissance, elle pose la serviette défaite, gorgée de son parfum intime, de sa féminité.

Emma revient à table, le dessert, une tarte citron avec un volcan de meringue, elle se souvient de celle du Loir dans la Théière, un délice, là encore, une bulle bien à eux. Elle embrasse John sur la bouche, devant eux, il caresse discrètement ses bas, loin du regard des autres convives, elle insiste, la table applaudit.

Emma rougit autant extérieurement qu'intérieurement.


Sur une idée d'Emma
Mise en musique de JohnSteed

7 commentaires:

Cassiopée a dit…

Brûlant et délicieux...

Lilly a dit…

J'aime vous lire... Délicieuses émotions... Et ces lèvres à savourer.... Mon dieu! Je deviens folle?

Lou a dit…

quand l'esprit divague et qu'on se laisse emporter par la vague ...

pussy a dit…

Magique!!!

J'adore, et le lieu et l'ambiance.

Toutes ces émotions réunies!!!

JohnSteed a dit…

@Cassiopée : Bises complices

@Lilly : J'aime créer des émotions

@Lou : C'est une aventure à vivre

@Pussy : Un souvenir, une folie, une douceur !!!

sandra et mika a dit…

encore une explosion de plaisir et beaucoup de sensualité ! nous nous sommes à nouveau délecté de ses images que tu nous offre ! quel gouts ! quels choix ! on adore ! quand au "post" du rouge ! loin d'être rouge de colére nous sommes rouge d'émotions merci beaucoup cher john bisous

François a dit…

Cette avalanche de mets ne pouvait mener qu'à de tels plaisirs... succulent...
Bien à vous,
François.