lundi 9 septembre 2013

Champagne & Trio 1/7

Le soleil avait quitté les lieux, ne laissant que quelques rayons pour chauffer le fauteuil club vide du bureau de John. Un lieu devenu sa grotte, sa bibliothèque, un boudoir au masculin, avec du bois, sa table de travail, des livres, ici et là, des feuilles, des post-it. Il était entre ses écrans, derrière ses claviers, emporté dans les mots. 


Le dos lui faisait mal, les heures tournait, le soleil revenait, voici plusieurs jours qu'il n'avait pas quitté son bureau, avec du thé, des voyelles et des consonnes, il se nourrissait de peu. De quelques mots échangés dans des commentaires, l'image en reflet direct des siens, le bonheur de la publication sur internet, au-delà d'un livre, il avait le contact avec ses lectrices. Emporté par la recherche de l'élégance des phrases, par d'autres textes, des rapports d'un côté, des lettres libres de l'autre, des échanges épistolaires permanents avec d'autres encore, il croquait les mots entre deux tasses de thé.





Mais ce soir, après une sieste pour compenser sa nuit trop courte, jonchée de mots toujours, il reprendrait son envol, pour revoir ce couple, donner de son esprit, dominer leurs envies.

La dernière visite avait été une gourmandise. Il avait été contacté par la femme et par l'homme de ce couple. Une relation d'amis, comme souvent, deux sms le même jour, pour se présenter chacun de leurs côtés, et proposant de parler d'une éventuelle rencontre. Puis d'autres sms, découvrant ainsi qu'ils étaient un couple, que ce choix se complétait des envies de chacun, séparément demandant des détails, justifiant certains désirs pour lui, pour elle, l'un envers l'autre, avec John comme maître ce jeu, de ce trio. Il avait mémorisé l'excitation, et donné ses règles pour cela. Avec fermeté et douceur !




Ainsi il avait imposé les tenues de chacun, retenant l'ambiance évoquée dans leurs sms et coups de fils croisés. John était arrivé tôt, avant le dîner dans cet appartement haussmannien si parisien, montant les larges escaliers avec un sac de cuir à sa main. Coup de sonnette, moquette épaisse sur le palier de marbre, la porte s'était ouverte sur un parquet chaud, une lumière douce, un grand miroir dans cette entrée. Lui en costume, elle en tailleur, ils se saluèrent respectivement, souriant à cet instant précis où l'on se découvre en vrai. A cet instant précis, où chacun sait que les clefs ont ouvertes les portes du plaisir. A cet instant où elle sait qu'elle sera bientôt nue devant lui, cet inconnu, bientôt la bouche autour de son sexe. A cet instant où lui savoure ce plaisir de la voir bientôt en lingerie désirable, bientôt soumis lui aussi à cet homme en cravate.


Lui avait pris le manteau de John, l'accrochant dans un placard tout proche, caché derrière une statue haute, une forme moderne, de marbre et d'acier mêlés. John déposa son sac sur la console en laque noire, une touche contrastée sur le mur blanc. Il l'ouvrit pour en sortir deux colliers. Formés de liens de cuir, de satin noir et de trois anneaux chacun, avec quelques perles sur celui pour la femme, John les regarda, ils étaient devant lui, les yeux vers le sol, la tête inclinée pour recevoir le signe de leur soumission. Pas de scénario prévu avec des fouets, des cordes ou des chaînes, juste un signe de domination, de soumission, de futurs ordres, de futures positions inconvenantes, de conventions entre eux, de chair exposée, de corps libérés, de sexes enflammés, de totale lâcher-prise dans les prochaines heures, confiant à John leurs corps, espérant certains désirs notifiés, espérant encore plus dans le don à cet inconnu, dans ses jeux cérébraux et charnels. 




Ils se regardèrent, pesant le poids de ce collier, attirés par les anneaux brillants rattachés, appréciant l'odeur du cuir près d'eux en réaction avec leurs corps parfumés, et cette dualité entourant leur nuque, ils étaient là pour d'autres dégustations. Le salon se trouvait devant eux, de larges canapés, un piano demie-queue près de la fenêtre, un groupe de plantes, d'autres sculptures, du parquet, des moulures au plafond, du blanc avec quelques touches de couleurs dans les tableaux. Des flûtes sur une table, un fond jazzy très délicat, elle resta debout près du canapé, ils commencèrent à discuter, lui partit chercher le champagne.

Sur la table, à côté, différents sextoys, des variantes pour des jeux entre adultes consentants, de beaux objets en acier, en latex ou en résine transparente. Posé entre les trois flûtes, deux godes en verre, scintillant avec la lumière.





Le champagne était là, frais dans les mains de John, il saisit le fin filin, le tourna, les regardant.

"Retirez moi ce costume cher Alexandre !"
"Faites glisser cette jupe chère Daphné !"
"Maintenant."

John saisissait calmement le muselet, tournant un peu le bouchon, résistant à la poussée des bulles, une main ferme sur ce liège. 

Devant lui, l'homme retirait son pantalon, ses chaussettes, exposant un boxer en soie d'un bleu nuit fort joli, poursuivant avec sa chemise. La femme, mit ses mains dans son dos, dézippant sa jupe, tournant un brin son fessier arrondi pour emporter vers le bas ce vêtement. Dévoilant ainsi ses jambes, soulevant l'une puis l'autre pour rester perchée sur ses talons fins et très hauts. Elle était avec ses bas ivoire, des jarretelle d'un satin de la même couleur, un string délicieux.

Le plop du champagne ouvrait cette soirée.


... à suivre...

Mr Steed pour vous !



11 commentaires:

DuoNylon a dit…

Vos mots sont séduisants, nous les avons découverts par hasard cet été. Nous les avons lu à deux, dans une féerie d'envies....

Maintenant nous vous suivrons.

Lilly a dit…

Cessez de me troubler, de m'émoustiller même, cher suborneur...
Pensez à cette pauvre femme qui va s'exiler deux semaines durant sur ses terres corses, là où il est quasiment impossible de mettre la main sur un libertin digne de ce nom....
Je vous bise tout de même!!!!

sandra et mika a dit…

bonjour cher john , cela faisait un pti moment que nous n'étions pas venu sur ton blog ( quel sacrilège ) nous implorons ton pardon , nous pensions que tu ne publiait plus ... quelle féerie de mots d'imagination , et de belles images , quel gout tu as ... ses clichés sont superbes ! ton espace nous donne beaucoup d'idées d'envie de réalisations que nous mettons patiemment de coté dans l'espoir de trouver des ptis accessoires afin de réaliser des photos dans le style de celles que tu proposes ... tu es l'un de nos blogs préféré gros bisous et à bientôt ...

Bulle a dit…

Je vous découvre Cher John et je suis sous le charme de votre écriture mais aussi de votre blog.
L'ambiance qui y règne y est des plus délicieuse...
Au plaisir de continuer à vous lire autant dans vos proses anciennes que plus actuelles.
Bien à vous

SM lover a dit…

Voyage obscur dans vos mots, je verrai bien du cuir pour eux.

JohnSteed a dit…

@DuoNylon : profitez des textes actuels et ceux des 2 dernières années, les douceurs et fantasmes ne vieillissent pas, se bonifient.

@Lilly : goûter aux plaisirs de bouche sur l'île du soleil. En revenant, votre chair aura fin, et retrouvera vos amants et libertins.

@Sandra & Mika : vous souhaitez une ambiance similaire et un photographe ? ;-))) mais vous savez déjà tout faire ensemble, alors venez encore lire, vous inspirer et continuer avec vos jolis clichés.

@Bulle : Les mots de John sont à votre disposition pour des lectures, actuelles ou passées, pour de belles soirées distrayantes. J'irai découvrir votre univers. A bientôt

@SM LOver : John VOus donne t il des idées ?

Monsieur Jones a dit…

Cher John, j'aime beaucoup cette ambiance.
Nous aimons, vous et moi, danser sous nos envies diluviennes, je vois...

Si vous êtes joueur, auriez-vous l'âme d'un chargé de mission pour mener à bien l'évaluation d'une secrétaire bien particulière. grand sourire.
Cette proposition d'un mâle honnête est on ne peut plus sérieuse...
Si elle vous inspire, j'ai à votre disposition une lettre de mission.

VéroBruno a dit…

Blog récemment découvert, votre lieu nous plaît. Etesvous cet homme qui partage des sensations avec les autres ?

JohnSteed a dit…

@M. Jones : Un travail au bureau, pour écrire encore d'autres rapports, d'autres mots. Si telle est ma mission.

@VéroBruno : John reste le pseudo d'une source de mots, d'un fantôme derrière un clavier. Vos corps et votre imagination pratiqueront suivant leurs lectures.

François a dit…

De belles promesses dans vos mots, vers l'évasion des sens... une évasion délicieuse...
Bien à vous,
François.

Castro a dit…

Envie d'entrer avec vous, comme un voyeur

Quel style